Pendant notre mobilité Erasmus+ à Seixal -Lisbonne, nous ne nous attendions pas à être autant plongées dans la vie politique portugaise. Très vite, nous avons remarqué que les rues étaient remplies d’affiches électorales, que les débats politiques passaient en boucle à la télévision, et que beaucoup de gens autour de nous, notamment chez nos correspondants, parlaient des élections législatives prévues pour le 18 mai 2025. Ces élections sont en fait anticipées, car le Premier ministre, Luís Montenegro, a démissionné à cause d’accusations de conflit d’intérêts, ce qui a conduit le président de la République à dissoudre le Parlement.

Ce qui nous a particulièrement marqué, c’est le système électoral portugais : ici, le vote est proportionnel, ce qui veut dire que même les petits partis peuvent obtenir des sièges à l’Assemblée. Cela crée un Parlement plus divers, mais rend aussi plus difficile la formation d’un gouvernement stable, car les partis doivent souvent former des coalitions. Les principaux partis sont l’Alliance Démocratique (AD), le Parti Socialiste (PS), et aussi des partis comme Chega, d’extrême droite, ou encore Livre, Bloco de Esquerda, Initiative Libérale… En comparaison, en France, nous avons un système majoritaire à deux tours qui favorise les grands partis et donne souvent lieu à des majorités plus claires.

Au-delà du système électoral, d’autres différences nous ont frappé dans la vie quotidienne. Par exemple, au lycée, des personnes sont venues distribuer des tracts politiques directement dans la cour, ce qui semblait tout à fait normal pour nos camarades portugais. En France, cela serait strictement interdit à l’intérieur de l’établissement, car la neutralité politique des écoles est garantie par le code de l’éducation. La distribution de tracts n’est autorisée que sur la voie publique, devant le lycée, et reste encadrée par des règles strictes. C’est donc une différence marquante dans la manière dont la politique s’invite dans la vie scolaire.

Enfin, en tant que citoyen majeur portugais vivant à l'étranger il est possible de voter par voie postale. Ce mode de vote existe aussi pour les Français de l’étranger, mais il n’est pas généralisé à tous les scrutins et nécessite une inscription spécifique auprès du consulat. Au Portugal, le vote par voie postale est assez courant pour les émigrés, même si la procédure peut parfois être compliquée et entraîner un nombre important de votes nuls à cause d’erreurs dans l’envoi ou le remplissage des documents. Cela montre que, même si le principe existe dans les deux pays, la mise en œuvre et l’accessibilité peuvent varier.

Observer tout cela de l’intérieur, même si nous ne pouvions pas voter, a été une expérience vraiment enrichissante. Cela nous a permis de mieux comprendre la démocratie portugaise, de réfléchir aux différences avec notre propre système, et de nous sentir plus connectées au pays dans lequel nous avons vécu temporairement.

Joanne Jacquier et Melissa Machu